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6.09 Épilogue

J’ai commencé ce PCT avec la certitude de devoir rapidement traverser un désert, mais au lieu de cela je me suis rapidement retrouvé dans la neige dès les premières montées à Mont Laguna. C’est ce qui m’a surpris et qui a été difficile à accepter dans un premier temps. Mais comme j’ai commencé avec Christian mon ami d’enfance qui vit en Californie depuis plus de 25 ans, je me suis accroché à ces instants de partage qui étaient également très importants. Le froid a été intense même sur les premiers jours alors que nous longions le désert de Mojave sur notre droite. Les rencontres ont tout de suite été surprenantes avec Fabien ce français qui nous rejoint rapidement et avec qui je ferai un petit bout de chemin.

Fabien, Christian et moi

Comme quoi les difficultés au début ont plus été psychologiques que physiques.

Quelques jours après le passage à Mont Laguna où nous avons dormi dans la neige pour la première fois, je me suis retrouvé une nuit dans ce qu’ils appellent ici un storm, mais je dirai que c’est un bel orage avec beaucoup de pluie et du vent. J’avais planté ma tente dans un terrain sablonneux et cela ne fait pas bon ménage avec les piquets de la tente. Pendant la nuit j’ai eu la tente complètement arrachée avec toutes les affaires mouillées, j’ai rangé toutes mes affaires prêt à partir pour chercher un abris qui n’existait peut être pas. C’est là que Fabien m’a proposé de m’héberger pour le reste de la nuit dans sa tente. Ce fut la première fois que des doutes m’ont assailli mais l’entre-aide entre les marcheurs est alors vraiment importante comme soutien.

le lendemain, la pluie est toujours là

Ce chemin a été aussi l’occasion de rencontrer des personnes qu’ils soient Trail Angels, simple spectateurs de cette aventure ou hiker.

Je commence par les trail angels, il y a deux catégories, ceux qui souhaitent se faire de l’argent avec le PCT et pour le coup, ils sont directs sur leurs attentes et ils demandent de l’argent avec parfois des montants disproportionnés par rapport au service rendu. Cette catégorie là ne m’intéresse pas et j’essayais de les fuir. La deuxième catégorie, ce sont les vrais Trail Angels, qui ont le cœur sur la main et qui sont là pour rendre service. J’en ai rencontré plusieurs et je me suis fait une joie d’échanger avec eux.

un de nos trail angel au début du trail

les rencontres avec les différentes personnes sur le chemin. Il y a le groupe avec qui j’ai traversé la Sierra il y a plus particulièrement Connor, qui est américain et j’ai rencontré un chic type. York avec qui j’ai beaucoup échangé avant de rejoindre le groupe à Kennedy Meadows South. Il y a John qui nous rattrapera sur la fin et avec qui nous finirons le PCT et du coup il y a Nicola cette Autrichienne qui nous a rattrapé dans la Sierra et avec qui j’ai fini le reste du PCT. Nicola a été une magnifique rencontre qui est vraiment très importante dans la réussite de ce projet. Merci à toi Nicola.

Mais quand on s’intègre à un groupe ou que l’on participe aux activités d’un groupe, il y a les difficultés de gestion d’un groupe comme celui de la Sierra, les remises en question de mes décisions alors que j’avais les compétences. Cela n’a pas été un moment facile à gérer surtout venant de la part d’une personne sans compétence dans le domaine de la montagne. Les gens ne se rendent pas forcément compte des risques associés à des déplacements en montagne avec des pentes importantes, dont un couloir dangereux avec une corniche au dessus et pour couronner le tout avec un orage qui gronde pas loin. Cela a été peut-être la partie la plus difficile pour moi et comme je suis les engagements que je prends, je suis allé au bout de ce que je considérais devoir faire.

le groupe à Bishop
le groupe de la Sierra à l’Hotel California

Les ravitaillements qui ne sont pas toujours simples, du fait de l’éloignement par rapport au PCT, comme cela est le cas de Bishop, Merci Bill pour ton aide précieuse. La difficulté de trouver ce que l’on souhaite, envoyer des colis dans les villes où nous savons que nous ne pourrons pas avoir un ravitaillement de qualité. Tout cela met une pression et c’est de la logistique à gérer qui prend beaucoup d’énergie et souvent un nero ne permet pas de se reposer mais simplement de faire les tâches programmées.

Pendant la partie marche, j’ai passé beaucoup de temps à penser aux gens, à la raison de la vie, ce que je peux apporter. Les relations avec mes proches, enfants, petits enfants, la famille en général mais surtout Élisabeth. ce sont des moments importants de la marche car ils permettent de régler certaines choses qui dans le quotidien ne peuvent pas être abordées.

Ce trail c’est aussi une revanche sur mon accident de ski à 15 ans, qui aurait dû me laisser dans un fauteuil toute ma vie, et du coup la revanche de l’adulte pour l’enfant que j’ai été.

Il me reste encore à vous raconter quelques petites anecdotes, dans les derniers temps avec Nicola, elle m’appelait the wolf car j’avais vraiment un comportement de loup, sauvage, ne cherchant pas les sites avec des personnes pour bivouaquer, ou partant des endroits avec trop de monde. J’imagine que certains en lisant ces quelques mots doivent se marrer. Et oui je suis souvent très protecteur avec les gens avec qui je suis proche mais pour le reste il m’arrive d’être distant… Cela contraste avec toutes les rencontres que j’ai pu faire sur le PCT et avec qui j’ai beaucoup échangé mais une fois cet échange fait, je me retire…

En fait ce chemin je l’ai parcouru avec mes jambes et tous ces miles ont été fait du mieux que je pensais, mais le chemin ce n’est pas que celui que l’on peut suivre avec un GPS, il y a aussi tout un cheminement dans ma tête qui a été très instructif et dont je vais retirer beaucoup de leçons.

Voilà, je termine sur ces quelques mots mais je sais qu’il y a beaucoup plus que cela mais je le construirais plus tard car je laisse mon cerveau cheminer vers d’autres horizons.

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